L’histoire de la Franc-maçonnerie peut se diviser en trois périodes :
Il a existé tout d’abord une Maçonnerie dite opérative, qui ne comportait que des gens des métiers de la construction.
Dans un deuxième temps, mais de manière mal précisée, ces Loges vont recevoir en leur sein des hommes étrangers au métier, qui deviendront des Maçons Acceptés.
Enfin, les Loges perdront tout caractère opératif, pour devenir purement “spéculatives”.
La Maçonnerie du Métier : dite ” opérative “, elle est liée à la construction d’édifices sacrés.
Les bâtisseurs des cathédrales médiévales se considéraient comme les descendants des constructeurs des temples égyptiens, grecs et romains, et détenteurs à ce titre de connaissances au secret soigneusement préservé visant à concevoir et à ériger des édifices agréables aux divinités par leurs formes, leurs proportions, leur orientation, etc. Considérant selon l’antique tradition le créateur de l’univers comme le roi du monde, ils nommaient leur art sacré ” l’Art Royal “.
Ces Maçons opératifs se déplaçaient de ville en ville et n’avaient pas de local permanent. Ils utilisaient, pour entreposer leurs outils, se réunir, s’instruire, préparer leur travail ou se détendre, des locaux appelés Loges.
Ils observaient un certain nombre de règles qui avaient pour but aussi bien de respecter les normes de qualité et de morale, que de préserver les secrets du métier. Leurs obligations comportaient aussi des devoirs de solidarité. C’est cette Franc- Maçonnerie opérative qui va se transposer en Franc-maçonnerie spéculative aux XVIIème et XVIIIème siècles.
Les débuts de la franc-maçonnerie spéculative
À mesure que des non-opératifs sont acceptés dans les Loges des bâtisseurs et instruits de leurs secrets, les obligations des Francs-Maçons devenus opératifs deviennent Loi morale, les outils de la construction deviennent des symboles, tandis que la promotion sociale des ouvriers bâtisseurs se transpose en amélioration morale, spirituelle et matérielle de la société.
1598 : Les statuts de William Schaw, d’origine écossaise, restructurent l’ancienne maçonnerie du Royaume d’Ecosse : Premiers développements du symbolisme et des rituels. Il s’agit de susciter l’envie de se perfectionner, de chercher à mieux se comprendre et à mieux comprendre l’univers, afin d’y agir de manière plus éclairée.
1717 : Naissance de la Grande Loge de Londres et Westminster, les Constitutions d’Anderson de 1723 : évoquent la création d’une fédération de loges autour d’un ” Grand Maître “.
En France
1728 : Philippe, duc de de Wharton, devient Grand Maître de la Grande Loge de Paris (ou Grande Loge de France) Naissance historique de la Franc-Maçonnerie française. C’est en 1732 que la première Loge française fondée à Paris reçut patente de la Grande Loge de Londres. Des Loges anglaises avaient existé en France depuis 1728, peut-être même 1726. Très rapidement, d’autres Loges françaises furent créées en province. En 1738 toutes ces Loges constituèrent la première Grande Loge de France.
A la veille de la Révolution, l’Ordre maçonnique français avait conquis dans le pays une place considérable : plusieurs dizaines de milliers de Francs-Maçons étaient répartis dans deux Obédiences principales : la Grande Loge de France et le Grand Orient de France (créé en 1773). Nobles et bourgeois s’y côtoyaient depuis l’origine. Les deux Obédiences fusionneront temporairement en 1799.
1801 : Le Comte de Grasse-Tilly participe à Charleston (Caroline du Sud) à la création du premier Suprême Conseil du Rite en 33 degrés connu sous le nom de Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Revenu en France en 1804, il crée le Suprême Conseil de France, provoquant la réunion d’une Grande Loge Générale Ecossaise. Ce Suprême Conseil existe encore aujourd’hui. Gardien et conservateur du Rite, il a juridiction sur les Hauts Grades c’est-à-dire ceux permettant de poursuivre la progression initiatique et spirituelle du 4ème au 33ème degré.
Il faut souligner que la Grande Loge de France et le Suprême Conseil de France sont deux puissances souveraines distinctes, rigoureusement indépendantes l’une de l’autre, ce qui ne contredit en rien qu’elles concourent conjointement à la pérennité et au développement du Rite Ecossais Ancien et Accepté en France.
A la fin de la même année, Napoléon 1er contraint les Francs-Maçons à n’avoir plus qu’une seule Obédience, le Grand Orient, pour les trois premiers degrés (Apprentis, Compagnons et Maîtres-Maçons), le Suprême Conseil gardant son autorité sur les autres grades de la Franc-maçonnerie française. Dans les années qui suivirent la chute de Napoléon, sa volonté ne fut plus respectée et la situation maçonnique évolua avec la création de nombreuses Loges qui ne dépendaient pas du Grand Orient. Progressivement, ces Loges se rassembleront sous l’autorité du Suprême Conseil de France.
1875 : Convent de Lausanne. Adoption du symbole du Grand Architecte de l’Univers comme Principe créateur.
1877 : Prenant une orientation différente, le Grand Orient de France autorise ses Loges à abandonner l’invocation au Grand Architecte de l’Univers, et la présence obligatoire de la Bible sur l’autel des Loges, éléments fondamentaux de la Franc-maçonnerie traditionnelle. Il en résultera d’importants remous dans le monde maçonnique.
1880 : Douze Loges créent la Grande Loge Symbolique Ecossaise, qui deviendra par la suite Grande Loge Symbolique de France.
1894 : Reconstitution de la Grande Loge de France à partir des Loges de la Grande Loge Centrale qui gérait en 1804, depuis Napoléon Ier, les trois premiers degrés symboliques au sein de la Juridiction du Suprême Conseil de France.
1896 : La plupart des Loges de la Grande Loge Symbolique de France rejoignent la Grande Loge de France.
1904 : Rupture des derniers liens administratifs entre la Grande Loge de France et le Suprême Conseil. La GLDF, jouissant d’une pleine indépendance et d’une totale souveraineté, se constitue en association selon la loi de 1901.
Interdite en 1940, au même titre que les autres Obédiences françaises, la Grande Loge de France se reconstituera le 17 Septembre 1945. La seconde guerre mondiale aura sans aucun doute été la plus rude période qu’ait jamais connue la Franc-maçonnerie en France, car pour la seule fois de son histoire, elle fut interdite et persécutée par le Gouvernement français autant que par les forces allemandes d’occupation.
Dans la période actuelle, marquée par une crise des valeurs et des repères, le dynamisme de la Grande Loge de France est à souligner. Ses effectifs sont en forte croissance, marquée en particulier par l’initiation d’hommes jeunes, fortement impliqués par ailleurs dans la construction de leur vie personnelle, familiale, professionnelle, comme au sein de la cité.